mercredi 26 octobre 2011

RISQUES RÉELS DE PANNES D'ÉLECTRICITÉ CET HIVER EN FRANCE

Article publié le 26-10-11 par Le Nouvel Observateur avec AFP

"Il existe une menace réelle sur la continuité de la fourniture électrique pendant l'hiver 2011-2012 et les hivers suivants", prévient le cabinet de conseil Capgemi.

L'arrêt de réacteurs nucléaires allemands représente une "menace réelle" de pannes d'électricité cet hiver en France, avertit le cabinet de conseil Capgemini dans son étude annuelle sur l'énergie en Europe publiée mercredi 26 octobre.
"Il existe une menace réelle sur la continuité de la fourniture électrique pendant l'hiver 2011-2012 et les hivers suivants car les pointes de consommation augmentent d'année en année", souligne la société française de services dans son "Observatoire européen des marchés de l'Energie" de 85 pages.

Exportatrice d'électricité durant presque toute l'année, la France est néanmoins importatrice lors des grands pics quotidiens l'hiver - notamment autour de 19h.
Les pannes ? "Ce n'est pas sûr" A cause du chauffage électrique, l'Hexagone est aussi le pays d'Europe dont la consommation augmente le plus par grand froid : pour chaque degré de température extérieure en moins, 2.300 mégawatts de puissance supplémentaire sont nécessaires, soit plus de deux réacteurs nucléaires, selon le transporteur d'électricité RTE.

"Les hivers froids, comme ça a été le cas l'hiver dernier, on a importé jusqu'à 8.000 mégawatts, essentiellement d'Allemagne. Or cette énergie ne sera plus disponible", dit Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l'énergie chez Capgemini.
L'Allemagne sera importatrice nette d'électricité cet hiver en raison de l'arrêt de huit de ses 17 réacteurs décidé au printemps dans la foulée de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon.

"Est-ce que pour autant on aura des pannes, ce n'est pas sûr, heureusement. Ca va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, qui s'est beaucoup amélioré, de la disponibilité des moyens de production ailleurs, je pense par exemple que l'Allemagne fera plus tourner ses centrales à charbon", souligne l'experte.
"On est dans un contexte inquiétant" Avant d'être contraint à d'éventuelles coupures maîtrisées, RTE peut encore recourir à des contrats d'effacement auprès de clients industriels ou lancer des appels au civisme comme c'est déjà le cas en Bretagne, une des régions les plus difficiles à alimenter électriquement.

"Mais on est dans un contexte qui est plus inquiétant", dit-elle, en soulignant que l'Allemagne et la Belgique sont avec la France les plus exposées. RTE, en charge des lignes à haute tension, doit présenter son propre état des lieux sur cette question avant le 10 novembre, a-t-on appris auprès de la filiale d'EDF. Une étude au niveau européen de l'Association européenne des gestionnaires de réseaux (Entso-E) sera également présentée fin novembre.

Le Nouvel Observateur – AFP

mardi 18 octobre 2011

EOLIENNES ET ENERGIES RENOUVELABLES : LA QUADRUPLE FAUTE

Article d'Arnaud Casalis dans la revue LES ECHOS

Une politique énergétique vertueuse devrait assurer efficacités économique, sociale, environnementale et morale. En s'engageant massivement dans la filière éolienne, le Gouvernement commet une quadruple faute. Cette faute aura pour conséquence que la France aura raté l'opportunité d'une transition énergétique réussie tout en payant ses erreurs au prix fort.

Ou quelques mots de vérité à Madame la Ministre dite de l’Environnement avant son tour de France en faveur des intérêts des promoteurs d’éoliennes.
S’il est assurément indispensable de concevoir une politique énergétique qui anticipe les besoins de l’avenir, il n’est pas moins indispensable de concilier certains impératifs pour que cette politique soit vertueuse. Et par politique vertueuse, entendons que la vertu soit celle que caractérisent des critères d’efficacités économique, sociale, environnementale et morale.

1) La vertu économique serait celle qui créerait les conditions d’un enrichissement collectif et d’une élévation du niveau de vie pour s’adapter à l’évolution des besoins énergétiques, financiers et commerciaux du pays tout en y créant des emplois. On connaît les besoins énergétiques de la France. Dans un pays en crise et bientôt probablement en récession, la priorité n’est pas d’accroître coûte que coûte une production d’électricité, mais d’apprendre à gérer des ressources rares et à en optimiser la consommation. De la réduction des gâchis, si évidents dans notre société, il pourrait résulter une réduction des dépenses publiques, donc de l’endettement national, une réduction des importations d’énergie fossile et donc du déficit de la balance commerciale, et l’apparition de métiers nouveaux répartis sur tout le territoire, dès lors qu’existerait une volonté d’aider nos entreprises à répondre aux besoins du consommateur.

Las !

En choisissant d’affecter l’essentiel des ressources financières à la seule filière éolienne, à hauteur de 40 à 80 milliards d’euros en 10 ans, le Gouvernement fait exactement le choix inverse : celui de d’augmenter la production énergétique inutile, celui d’importer massivement du matériel étranger, celui d’asphyxier les finances publiques par le creusement d’un déficit déjà abyssal et celui de renoncer aux emplois utiles par le subventionnement d’emplois dans d’autres pays.

2) L’efficacité sociale devrait consister à créer des emplois, à améliorer ou à sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens, et à améliorer le cadre et la qualité de vie. Las ! Alors que le jeu normal de la concurrence entre filières énergétiques devrait conduire à trouver des solutions à moindre coût pour le consommateur, à commencer par la bénéfique mise en œuvre des techniques d’économies individuelles d’énergie (isolation des bâtiments existants, pompes à chaleur) ou l'optimisation des dépenses des collectivités locales, les énergies renouvelables sont utilisées comme
prétexte à une intense politique de majoration des prix.

Ce n’est pas en triplant le coût de l’électricité produite (éoliennes terrestres) ou en le quintuplant (éoliennes en mer) que l’on améliorera le pouvoir d’achat. Aux tarifs réglementés outrageusement gonflés pour bénéficier aux promoteurs s’ajoutent dorénavant les taxes dissimulées comme la volontairement mal nommée « contribution au service public d’électricité ». Le choix du tout éolien n’est rien d’autre que la prédation organisée du consommateur déjà pratiquée par ceux des acteurs de l’économie qu’enrichissent de simples prélèvements automatiques sur les comptes bancaires des particuliers. Si les fins de mois n’en seront que plus difficiles, ce ne sera paradoxalement que pour infliger à certains une détérioration sans précédent de leur qualité de vie en leur imposant les nuisances de milliers d’aérogénérateurs.

3) Pour le moins s’attendrait on à ce que le bénéfice écologique soit incontestable : progrès dans la préservation du cadre naturel, réduction des gaz à effets de serre, limitation du halo lumineux, aide à la sauvegarde de la faune et de la flore. Las ! On a déjà assez dit à quel point les éoliennes ne sont que le massacre organisé de ce que l’environnement a de plus précieux : la destruction inconsidérée des plus beaux sites et des paysages, des fouilles sans précédent du sous-sol et la destruction des nappes phréatiques ou du milieu marin. Quant à l’accroissement des pollutions chimiques, il est indirect par le recours systématique à une électricité produite par ce qui reste d’énergie fossile polluante comme en Allemagne (premier émetteur de gaz à effet de serre d’Europe !) pour combler le déficit de rendement des aérogénérateurs, ou l’utilisation d’anti-fooling et d’huiles mécaniques en mer pour l’entretien des machines.

Ceci pour produire de l’électricité brûlée à illuminer la terre de jour comme de nuit d’un constant halo lumineux conduisant à la perdition finale de la diversité aviaire, le broyage par les pales d’éoliennes d’espèces pourtant protégées achevant ce cycle mortifère. A l’évidence, on peut mieux faire en matière d’écologie ! A ce désastre, on doit ajouter la très probable perdition d’un ou de pétrolier(s) dans les zones d’exploitation d’éoliennes prévues en Manche. S’agissant du rail de trafic maritime le plus dense et le plus dangereux au monde, le naufrage de nouveaux Torrey Canyon ou Amoco Cadiz souillant irrémédiablement les cotes de la Mer du Nord à l’Atlantique est une quasi certitude et sera d’autant plus catastrophique que seront impossibles les interventions de sauvetage dans un site miné de piliers monumentaux.

4) Au moins, peut-on penser, la morale est sauve qui veut que les éoliennes évitent au monde la pénurie d’énergie. On aurait pu concevoir un grand débat national sur la diversité possible des solutions et consulter le peuple dans la plus grande transparence sur ses aspirations et la recherche des meilleures solutions. Las ! Par de multiples procédés, et sous la pression d’un unique lobby, les décisions ministérielles successives ont systématiquement fermé les voies d’une exploration rationnelle des solutions qui conduiraient à une production énergétique pérenne et respectueuse de l'environnement.

Exit les économies d’énergie, la biomasse, le réaménagement vertueux du territoire ! Si le démarchage commercial systématique des communes a précédé l’enrichissement de bien des élus après des implantations d’éoliennes, c’est parce que les pratiques les plus condamnables ont été utilisées. Ce n’est pas le fait du hasard, mais plutôt celui de l’ombre, si les tarifs réglementaires les plus élevés ont été attribués par l’Etat aux promoteurs pour subventionner massivement une filière structurellement déficitaire après avoir obtenu des avantages fiscaux taillés sur mesure. Et ce n’est pas par hasard si les ministres successifs de l’environnement font donner la voix de leurs services et ont mis sous coupe réglée les 24 préfets de région pour assurer les promoteurs de l’assistance sans faille d’un Etat pourtant au service de tous. Enfin, c'est aussi à l'issue d'un lobbying intense à la Commission Européenne qu'a été élaborée une directive sur les énergies renouvelables pour être ensuite dévoyée en France par un ancien ministre de l’environnement réputé « proche des milieux d’affaires ».

Cette approche condamne les énergies renouvelables vertueuses au profit exclusif de celles qui ne le sont pas. Alors que les rares emplois induits par les éoliennes sont la plupart précaires ou délocalisés, et que déjà ont disparu plusieurs entreprises françaises citées un temps comme des modèles de création, l’annonce d’un million d’emplois par l'actuelle ministre ne peut-être que relever de l’incompétence ou de la fausseté. Rarement le débat dans la République aura été pareillement tronqué et la démocratie bafouée par la corruption des moyens.

Alors oui, en optant pour un modèle économique du tout nucléaire qui ne dit pas son nom et en tentant de le dissimuler au prix fort, le Gouvernement et ceux qui le soutiennent (y compris en se prétendant dans son opposition) commettent une faute majeure. Car cette faute est quadruple : économique, sociale, environnementale et morale. Elle condamne la France à la ruine et à rater le train des opportunités d'une économie inventive de solutions et d'emplois futurs.

Madame le Ministre de l’Environnement, la dénomination de votre ministère ne précise pas son objectif. Au moment où vous entreprenez un tour de France de soutien exclusif aux intérêts des promoteurs industriels et financiers de l’énergie éolienne, confirmez nous s’il vous plaît que votre ministère est bien celui de la défense de l’environnement et non celui de son anéantissement ! Merci.

Arnaud Casalis

mercredi 5 octobre 2011

UNE SAGE DÉCISION EN AVEYRON





Tous les préfets n'appliquent pas bêtement les encouragements de l'Etat à planter des éoliennes à tous vents, comme en atteste la copie ci-jointe d'un refus de permis de construire dont les motivations sont bien honorables. Bonne nouvelle pour nos amis aveyronnais qui, par ailleurs, sont déjà bien pollués en matière d'éoliennes !

lundi 3 octobre 2011

LINKY : LE NOUVEAU COMPTEUR QUI CRÉE DES TENSIONS

Il faudra désormais s'habituer à la présence dans les foyers français de Linky, le nouveau compteur électrique "intelligent" d'ERDF, la filiale d'EDF chargée de la distribution du courant. Le ministre de l'industrie Eric Besson a annoncé, mercredi 29 septembre, l'installation généralisée de ces boîtiers fluos entre 2014 et 2020. L'objectif du dispositif, imposé par une directive européenne : connaître en temps réel sa consommation d'électricité, et pouvoir en conséquence mieux la maîtriserpour faire des économies. "Ce nouveau compteur va faciliter la vie des Français et leur permettre d'être acteurs de leur consommation", a assuré Eric Besson.

Mais la mise en place de Linky, considérée comme le "plus important déploiement au monde de compteurs communicants", est loin de faire l'unanimité. La décision a provoqué une levée de bouclier des associations de consommateurs. Ainsi, Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) estime que Linky ne "répond pas aux exigences de transparence pour les consommateurs". Mêmes réserves du côté des collectivités locales, qui redoutent un verrouillage du marché de la distribution électrique.

Quel coût pour le consommateur ?

Au total, près de 35 millions de foyers français devraient être équipés de ces compteurs intelligents. Un vaste chantier évalué à 4,3 milliards d'euros, mais qui n'aura "pas d'impact" sur la facture du particulier, selon le gouvernement. Les surcoûts liés aux nouveaux compteurs doivent en effet être intégralement pris en charge par ERDF. Le groupe estime que cette somme sera amortie par les gains de productivité dégagés notamment par l'arrêt des déplacements de ses agents pour inspecter les compteurs.

"Mais tôt ou tard, le coût de [Linky] va être répercuté dans le tarif d'acheminement de l'électricité, et donc se retrouver sur la facture, qui sera alors augmentée de 1 à 2 euros par mois", redoute Grégory Caret, directeur d'études chez UFC – QueChoisir, interrogé par La Croix. Les associations de défense des consommateurs craignent en effet une augmentation du tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (Turpe), ce tarif méconnu qui rémunère les acteurs du secteur électrique. "Il faudra rester très vigilant pour voir s'il n'y a pas d'augmentation, car ce n'est pas exclu qu'ERDF joue sur ce tarif pour répercuter à long terme les coûts d'installation des compteurs", explique le délégué général de CLCV.

Les associations soulignent aussi la mauvaise évaluation du coût de l'appareil. Selon ERDF, le prix du compteur s'élèverait à 120 euros, pose incluse. Mais la fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) l'évalue plutôt à 240 euros. Un coût de toute façon élevé si on le compare à celui des appareils développés à l'étranger. En Italie, il est facturé 80 euros l'unité.

Linky peut-il vraiment modifier la consommation électrique des foyers ?
Expérimenté depuis 2010 à Lyon et en Indre-et-Loire, Linky est "un succès" selon Eric Besson. "Les résultats techniques de l'expérimentation ont été très bons : seuls 0,7 % des compteurs ont fait l'objet de réclamations", affirme ainsi le ministre de l'industrie. Mais si "techniquement, le projet pilote est valide", il n'a eu que "très peu d'effets" sur la consommation des ménages, estime Jean-Luc Dupont, président du Syndicat intercommunal d'énergie d'Indre-et-Loire. Selon une étude réalisée auprès de 150 collectivités du département et de quelque 1 500 foyers,"pour 90 % des consommateurs, l'arrivée de Linky n'a rien modifié dans leurs pratiques." Un constat qui pose la question de l'efficacité du nouvel appareil.

"Contrairement à l'engagement pris dans la loi Grenelle 1, les compteurs communicants ne permettent pas aujourd'hui aux consommateurs de mieuxconnaître leur consommation d'énergie en temps réel, et ainsi de la maîtriser",affirme dans un communiqué l'association UFC-Que Choisir. Première explication à ce manque d'information : pour plus de la moitié des foyers, le compteur Linky est situé à l'extérieur du domicile, "à l'entrée d'un lotissement par exemple, sur le seuil d'un appartement voire même au sous-sol dans un immeuble" explique Thierry Saniez. Une disposition qui empêche le particulier d'avoir accès aisément à sa consommation, et constitue "un frein considérable" pour mettre en place de nouvelles pratiques énergétiques.

En outre, même lorsqu'il est aisément accessible au sein même du domicile, Linky "ne permet pas d'obtenir d'informations sur la réalité de la consommation", se plaignent les associations. Les données fournies par le boîtier ne sont pas"qualitativement suffisantes" pour permettre de faire évoluer les pratiques énergétiques, affirme Thierry Saniez. Des relevés quotidiens seront désormais disponibles, mais pas détaillés en fonction des périodes de la journée. "Les gens apprennent donc qu'ils ont consommé tant le lundi, mais ça ne les avance pas à grand-chose. Tandis que s'ils savaient combien ils ont consommé le lundi matin, le lundi après-midi, le lundi soir, ils pourraient comparer ces informations avec les grilles tarifaires, et modifier leurs pratiques en fonction des heures creuses et des heures pleines", explique le représentant de la CLCV.

Les associations redoutent que ces informations détaillées ne soient fournies qu'en cas de souscription d'un service payant proposé par la suite. EDF a ainsi déjà testé une formule de services payants facultatifs liés à Linky, explique Le Figaro. L'abonnement, facturé 3,50 euros par mois, permet aux consommateurs d'accéderà un espace personnel et sécurisé via Internet, "où ils peuvent visualiser leur consommation, en euros, en kWh, et en CO2, comparer consommation réelle et consommation prévisionnelle..." Un service qui va à l'encontre même des objectifs de Linky, affirme Thierry Sanier : "On se retrouve dans une situation où on aura effectivement une information gratuite, mais inutile, et où il faudrait payer pourobtenir ce pour quoi Linky a été lancé."

Internet et sécurisation des données Toutes les informations communiquées par Linky se font dans "une logique numérique", et sont donc consultables sur Internet, via son espace client. Ce qui introduit "une logique discriminatoire" pour Jean-Luc Dupont, président du syndicat intercommunal d'énergie d'Indre-et-Loire. "Le fait que tout passe par Internet vahandicaper des franges entières de la population, qui n'ont pas d'accès numérique soit pour des raisons financières, soit pour des raisons pratiques. Or, ce sont au contraire les populations plus pauvres qui auraient besoin de ces informations détaillées pour pouvoir faire des économies d'énergie", explique l'élu d'Indre-et-Loire.

Autre source d'inquiétude, la sécurisation des données. "La mise en place de ces compteurs électriques intelligents impliquera la collecte d'informations détaillées sur notre consommation électrique, ce qui pose des problèmes de respect de la vie privée", explique la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) sur son site. "Les informations de consommation d'énergie transmises par les compteurs sont très détaillées et permettent de savoir beaucoup de choses sur les occupants d'une habitation, comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster...)", explique la Commission, qui promet d'être vigilante sur la sécurisation de ces données et leur confidentialité.

Monopole sur la distribution électrique La fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) s'est également fendue d'un avertissement, et voit d'un mauvais œil l'arrivée de Linky dans les foyers. Dans l'Hexagone, depuis 1906, les réseaux de distribution électrique ainsi que les compteurs appartiennent en effet aux collectivités locales, ERDF n'étant jusqu'à présent que le principal concessionnaire (exploitant). Des concessions limitées dans le temps, qui permettent, lorsqu'elles arrivent à échéance, de renégocier les tarifs à la baisse pour les collectivités locales.

Linky risque de bouleverser la donne. Pour qu'ERDF prenne en charge le financement de l'installation généralisée des nouveaux compteurs, l'entreprise prévoit d'amortir ses dépenses sur vingt ans. "Le modèle économique de Linky repose donc sur le fait de garantir à ERDF pendant vingt ans la concession des compteurs", explique Jean-Luc Dupont. Or "la nouvelle directive européenne sur les concessions de services impose l'ouverture à la concurrence, y compris dans l'énergie", poursuit l'élu. Le ministre de l'industrie Eric Besson a reconnu qu'il y avait là un blocage, mais a affirmé que les négociations étaient en bonne voie avec la Commission européenne.
Charlotte Chabas

Article paru dans LE MONDE le 30 septembre 2011